Tokyo, quartier d’Asakusa. J’attendais au feu piétons devant la gare. Soudain je me suis ressouvenu d’un vers de Rutebeuf:
« Que sont mes amis devenus
Que j’avais si près tenus
Et tant aimés »
J’étais là debout, les yeux piqués de larmes. Quand le feu est passé au vert, j’ai traversé.
Qu’est-ce qui rend le « rude boeuf » et sa complainte, interminable et lancinante, soudain si simples et si proches d’un haiku de Basho? Est-ce la même solitude résignée, qui ne cherche plus à faire de l’effet? Ne manque qu’une branche de cerisier…