La sagesse populaire dit que lorsqu’un Français croise une jolie femme, il la voit nue; et que lorsqu’un Anglais croise une jolie femme, il la voit à cheval. Sans en conclure que les Anglais préfèrent les chevaux, regardons un instant comment font les Chinois.
Le matin, marchant dans un temps normand vers le lac 尕海 (Gahai) et la course de chevaux devant laquelle une large assistance se masse, nous apprenons les deux vers qui suivent de deux voyageuses chinoises:
兔子不吃窝边草,
好马不吃回头草
Le lapin ne mange pas l’herbe à côté de chez lui,
Le bon cheval ne mange pas l’herbe derrière lui.
Sur l’herbe à côté, à gauche, les motos rouges des spectateurs de la course:
Sur l’herbe à côté, à droite, les spectateurs de la course:
Et sur l’herbe derrière nous, la course, sur fond de montagnes brumeuses:
Effectivement, le dicton a bien raison, personne ici ne mange d’herbe.
Et le soir, dînant de 粽子 (tsong-tseu) pour fêter les bateaux-dragons, nous apprenons de nos 靓女 officielles que ces deux vers sont suivis de deux autres:
天涯何处无芳草
何必单恋一枝花
Où sur terre l’herbe est-elle sans parfum?
Et pourquoi n’aimer qu’une seule fleur?
Un yak sympathique au regard philosophe approuve silencieusement les deux derniers vers.
Il trouve que l’herbe ici est très parfumée, et aime toutes les fleurs qui poussent dans la gadoue.
Mon cher Aurélien, je te sens très très bien parti!