Dès l’arrivée nous sommes plongés dans le bain. Une fin d’après-midi le 31 août, l’air est humide et tiède. Nous poussons nos valises vers l’arrêt de bus hors de l’aéroport de Dulles.
Le bus roule bientôt sur une autoroute deux fois sept voies – cinq standard, deux payantes. Le trafic est dense et la nuit tombe. Le bus suit la future extension de la Silver Line, qui doit entrer en service deux mois plus tard, puis nous dépose devant une bouche de métro entourée d’un immense parking.
Nous croisons deux Américains qui passent le portique de sortie du métro: ils nous donnent spontanément leur passe journalier, dont ils n’auront plus besoin.
45 minutes sur la Silver Line; 15 minutes sur la Yellow Line (souci de trafic); puis 10 minutes sur la Green Line. Nous venons d’explorer la moitié des six lignes de métro de DC – il reste la bleue, l’orange et la rouge pour compléter l’arc-en-ciel.
Le réseau est pensé pour le trafic pendulaire: à l’opposé du réseau parisien ou new-yorkais, où aucun point du centre-ville n’est jamais loin d’une station, les lignes sont en étoile – elles se ramifient pour desservir des points de parking en banlieue lointaine et fusionnent et convergent en se rapprochant du centre d’affaires. Le corollaire est que tout le monde prend sa voiture pour tout.
Les amis qui nous logent habitent à Adams Morgan, un quartier dit en transition, plutôt aisé mais quand même vivant – beaucoup de cafés, quelques coups de feu.
Après un escalator interminable, nous émergeons de la station de Columbia Heights et poussons nos valises sur le trottoir. L’activité bat son plein dans la moiteur du soir: un marché de nuit dont les étals bloquent les trottoirs, des voitures et des scooters bloqués qui klaxonnent, des personnes pressées et d’autres qui traînaillent, des Blancs, des Noirs, des Latinos, des sortes de clochards qui vocifèrent, des bars aux portes ouvertes, une forte odeur de shit, des magasins encore ouverts… Un mec à vélo qui roule sur le trottoir nous interpelle pour qu’on s’écarte et le laisse passer – du grand spectacle, et pas forcément rassurant vu les stats de criminalité du coin.
Mon téléphone fonctionne un peu – j’ai acheté du crédit américain mais tout semble capter très mal. Assez pour trouver la bonne direction, marcher un quart d’heure, et appeler nos amis.
Les pattes adorables mais survitaminées d’un golden retriever de taille presque adulte mais pas encore tout-à-fait totalement absolument civilisé nous accueillent et nous montrent le chemin du canapé-lit.