Dix jours de randonnée dans les Dolomites, 180 kilomètres dans l’un des massifs alpins les plus spectaculaires d’Europe: falaises verticales et pics vertigineux, via ferrata, paysages lunaires ou de pâturages, et refuges gastronomiques. Tous les conseils pratiques pour s’attaquer à l’aventure et quelques photos de cette randonnée inoubliable!

Pourquoi randonner dans les Dolomites?

Qui pense aux Dolomites pour randonner? Cet article est pour ceux qui trouvent les Alpes ou les Pyrénées trop fréquentées, le Massif central ou le Jura pas assez abrupts, et qui cherchent une destination plus proche que le Népal ou le Pérou

Jugez par vous-mêmes: il suffit de prendre le train de nuit Thello de 19h15 jusqu’à Brescia ou Vérone (ou un vol pour l’aéroport Marco Polo de Venise si vous n’avez pas de flygskam), puis 1h ou 2 de train régional pour rejoindre le départ de la randonnée (note post-pandémie: la ligne Thello a été interrompue en 2021 à cause de la pandémie mais une liaison vers Venise pourrait reprendre en 2024).

Vous voilà dans les Dolomites, au cœur d’une série de massifs de pic vertigineux et de falaises grises ou rosées, séparés par des vallées à vaches, et ponctués de refuges gastronomiques où l’on sert de succulentes pâtes aux chanterelles…

J’ai découvert les Dolomites dans l’excellent livre Randos autour du monde édité par Lonely Planet, qui liste une cinquantaine de randonnées organisées par pays. La description de l’Alta via 1 donnait l’eau à la bouche: des paysages minéraux, arides, verticaux, surplombant des vallées vertes. De nombreux refuges cuisinés à l’italienne. Une dizaine de jours de randonnée avec de grosses dénivelées et des passages un peu techniques, sans jamais être trop loin d’un village en cas de souci.

J’ai finalement opté pour l’Alta via 2, comme je vous l’explique plus bas.

En étudiant la région des Dolomites de blog en blog, j’allais de récit émerveillé en aventure passionnante. Les Dolomites ne laissent personne indifférent! Elles peuvent se visiter en voiture et à l’hôtel avec des excursions confort à la journée comme sur Carnets de traverse; ou bien on peut y passer trente jours à randonner avec un petit budget comme sur Randonner léger

Quelle grande randonnée dans les Dolomites?

Le guide Cicérone qui m’a servi de base indiquait 6 parcours d’alta via (« haute route »), ou d’alte vie pour les puristes, sillonnant le massif du Nord au Sud. En étudiant de plus près la carte, il y a aussi de nombreux sentiers Est-Ouest: cela permet aux randonneurs expérimentés de se construire leur propre parcours. 

J’ai finalement opté pour l’Alta via 2. Tout d’abord, elle semblait moins fréquentée que l’Alta via 1 (or je ne voulais ni réserver mes refuges à l’avance, ni risquer qu’ils soient complets…). Ensuite, physiquement, elle est plus longue (178km contre 118km pour l’Alta via 1), avec une dénivelée plus importante (13 000 m contre 7 000 m), soit une estimation de 70h contre 45h, et sans via ferrata obligatoire (l’Alta via 1 finit par une via ferrata, que l’on peut éviter mais cela reste dommage!). Enfin, les autres parcours (3, 4, 5 et 6) me semblaient destinés à un public plus expert! J’ai quand même pris avec moi mon matériel de via ferrata en cas de besoin (baudrier, longe et casque).

Ce massif se prête aussi très bien à des randonnées à la journée, car les vallées sont généralement accessibles par la route. Cela suppose une grosse montée le matin et une grosse descente le soir, mais permet d’accéder rapidement à la plupart des plus beaux endroits.

Budget pour l’Alta Via 2

La demi-pension (dîner, nuit, petit-déjeuner et éventuellement douche) m’a coûté environ 50-60€ par jour. Pour le déjeuner, j’ai alterné entre des plats chauds dans les refuges (10-15€) et quelques provisions que j’avais emportées.

Je n’avais pas réservé les refuges (pour garder de la flexibilité sur les étapes), mais un soir je suis tombé sur un refuge plein… Si vous ne les réservez pas à l’avance, je vous recommande d’appeler le matin le refuge où vous comptez dormir afin d’être sûr qu’il reste de la place, et sinon d’adapter la longueur de votre étape.

Les 5 cartes Tabacco nécessaires au parcours m’ont coûté 42€ et le guide Cicerone 20€.

Matériel pour randonner dans les Dolomites

Équipement complet de randonnée avec nuits en refuge:

  • 2 t shirts
  • 2 caleçons
  • 2 paires de chaussettes
  • 1 paire de chaussures de randonnée
  • 1 t-shirt manches longues en laine (de type Smartwool) pour le soir
  • Doudoune
  • K-way
  • Casquette
  • Couteau
  • Matériel de premier secours
  • Petite trousse de toilette
  • Sac de couchage (10 degrés) et drap de soie pour les refuges
  • Bâtons de marche (il y a beaucoup de descentes assez abruptes)

En nourriture:

  • 4 repas de midi, soit au total 1kg de pain de mie, 150g de saucisson, 350g de fromage, 100g de chocolat et une mini-fiole d’huile d’olive
  • 400g de fruits secs pour les pauses
  • 2 ou 3 bouteilles de 1L d’eau et une tablette de pastilles de chlore (Micropur)

Équipement spécifique:

  • Guide Cicerone Trekking in the Dolomites (20€)
  • Cartes Tabacco 1:25.000 couvrant l’itinéraire (numéros 30, 05, 06, 22, 23) (9€ par carte)
  • Baudrier, casque, corde (optionnel sur l’Alta via 2 si vous êtes à l’aise)

Accès à l’Alta Via 2

La randonnée commence à Bressanone (alias Brixen en allemand), qui a une gare de train.

La randonnée finit à Croce d’Aune, d’où on peut prendre un bus pour rejoindre la gare de Feltre (à 12 kilomètres). J’ai manqué le bus et je suis descendu en stop.

Les villes de Bressanone et de Feltre sont toutes les deux très jolies; on peut y passer un peu de temps.

Voici une carte locale du réseau ferré italien. Relier Bressanone et Feltre en train prend environ 5 heures (par Vérone et Trento). A l’aller j’ai rejoint directement Bressanone depuis Paris; au retour, j’ai pris le train de Feltre à Venise pour quelques jours de visites et de repos.

L’Alta Via 2: itinéraire jour par jour

Voici un tracé approximatif de l’itinéraire (accessible aussi ici sur AllTrails, où vous pouvez télécharger une trace GPX), qui correspond à ce que j’ai suivi.

J’ai ajouté ce tracé en mars 2024 en réponse à certains commentaires (donc plusieurs années après avoir fait la rando). Deux remarques:

  • J’ai dû interrompre l’itinéraire sur certaines sections (très courtes) de la carte, car AllTrails n’indiquait pas de chemin. Cela correspond peut-être à des sections exposées pouvant requérir un équipement de via ferrata (je n’ai pas utilisé le mien). Donc ne suivez pas cette trace GPX tête baissée, et vérifiez bien que cela correspond à la dernière édition de votre guide ou de la carte topo.
  • Le premier jour, j’ai pris le téléphérique pour gagner 1000 mètres de dénivelée, mais il est tout-à-fait possible de monter à pied.
  • J’ai mis le point d’arrivée à l’arrêt du bus pour Feltre. Dans mon cas, j’ai raté ce bus (de peu), et j’ai descendu à pied quelques kilomètres de la route avant d’être pris en stop.

Jour 1: Brexen/Bressanone – refuge Plose (ou Bressanone) – refuge Genova

Distance: 21km – Dénivelée: +1510m / -760m – Durée: 8h

Le point de départ est une charmante bourgade de style autrichien, Bressanone en italien, Brixen en allemand.

J’achète des courses pour quelques déjeuners dans un supermarché, et des cartes détaillées (Cartes Tabacco). Les commerçants adressent la parole en allemand, les maisons sont à colombages, on se sent plus en Autriche qu’en Italie! Les Dolomites sont aujourd’hui totalement en Italie, mais lors de la Première guerre mondiale c’est là que passait la frontière italo-autrichienne. La frontière s’est déplacée vers le Nord, mais les langues n’ont pas changé!

La première heure, je m’élève dans le village; la vue s’élargit sur la vallée: les forêts sont constellées de clochers rouges bien pointus.

Un téléphérique permet de monter rapidement 1000 mètres de dénivelée (pas hyper intéressants) et de commencer rapidement la randonnée; je prends le téléphérique (mon intention est de faire une partie de la deuxième étape dès aujourd’hui).

Au bout d’une heure et demie de montée depuis l’arrivée du téléphérique, je déjeune au refuge de Plose (ou Bressanone) (soit 8km, +900m). Ce sont mes premières pâtes aux cèpes dans la région, et elles sont succulentes; je me régale!

J’enchaîne directement sur la deuxième étape, jusqu’au refuge Genova (13km, +610m, -760m). 

Les paysages sont alpins: ce ne sont pas encore les dentelles vertigineuses des Dolomites, mais c’est une belle mise en jambes. Puis le chemin redescend parmi les vaches à taches et les télésièges, et longe une route avant de s’engager dans une longue montée.

Deux heures avant l’arrivée, des trombes de pluie crèvent le ciel alors que je remonte un goulet rocheux.

En quelques minutes je n’ai plus un poil de sec. J’entends l’orage qui s’approche; n’ayant pas très envie d’être foudroyé, je monte le goulet aussi vite que possible. L’eau dégouline sous mes habits et mes lunettes ne voient plus grand chose. Je suis soulagé quand j’arrive à la crête.

Puis je marche 30 minutes en ligne de crête jusqu’au refuge. La pluie cesse bientôt.

Sous mes pieds, c’est l’Écosse comme je me l’imagine: les chaussures trempées, une herbe grasse, des troupeaux de vaches (au lieu des moutons écossais…), des rochers gris aux formes torturées.

J’arrive au refuge dégoulinant – vue magnifique sur le début des Dolomites et arc-en-ciel en bonus.

Jour 2: refuge Genova – refuge Puez – passo Gardena

Distance: 18km – Dénivelée: +980m / -1170m – Durée: 6h30

Les choses sérieuses commencent!

Après ce beau prologue alpin, les « vraies » Dolomites: des citadelles grises d’apparence imprenable; d’immenses pierriers au flanc des sommets à pic; des crêtes déchiquetées couleur d’Aurore « aux doigts de rose ». Et, si proches en-dessous de cette dentelle de pierre, les cabanes de bergers.

En-dessous d’une ligne horizontale, les pâturages sont bien verts; au-dessus, il n’y a plus que de la pierre. 

Je marche 4 heures du refuge de Genova au refuge de Puez (12km, +820m, -645m). Les chemins s’accrochent sur des pentes rocheuses, montent des cols abrupts (il y a parfois des câbles et quelques pas d’escalade facile) puis redescendent dans des vallées.

C’est une tout autre atmosphère que les contreforts alpins de la veille: un grand silence, pas de végétation, mais des roches de toutes les formes, plus verticales les unes que les autres.

Je retrouve du monde vers le refuge de Puez, où je déjeune de délicieuses pâtes all’amatriciana. Attablé face au panorama, je mange rapidement – il y a un peu trop de monde à mon goût sur la terrasse du refuge. 

Je reprends la route vers le refuge du passo Gardena (6km, +160m, -525m, 2h30).

Le chemin traverse d’abord des paysages lunaires (assez fréquentés), puis il redescend entre de spectaculaires éperons rocheux qui rappellent la Quebrada de las flechas en Argentine.

Quelques gouttes tombent: la goccia o la doccia? J’arrive au refuge avant l’ondée. 

Jour 3: refuge de passo Gardena – refuge de Piscadiu – refuge Boè – Pic Boè – sasso Pordoi – viel dal pan – refuge Castiglioni

Distance: 17,5km – Dénivelée: +1510m / -1275m – Durée: 8h20

La journée commence par une montée de 500 mètres de dénivelée (1h30)…

Depuis le refuge, c’est une falaise imprenable. Mais l’Alta via se fraye un chemin en empruntant des failles et goulets abrupts. La météo n’est pas bonne et pendant toute la montée une averse menace d’éclater. Je crapahute sur des pierriers et par des chemins étroits entre les roches.

Le chemin devient assez vertical sur la fin et j’ai peur qu’une averse ne me surprenne dans les derniers mètres, où il y a quelques câbles, et ne me force à rebrousser chemin. Je passe devant le marquage n°666 de l’Alta via.

Câbles, brumes, quelques gouttes, et je débouche sur un plateau.

D’en haut la vue est irréelle: on est au sommet d’une falaise, au bord d’un plateau, près du refuge de Piscadiu; des nuages évoluent lentement et enveloppent les pics.

Puis ce sont de sublimes kilomètres jusqu’au refuge de Boè, où un ballet d’hélicoptères s’active pour l’extension du refuge.

Je fais un détour pour monter au pic de Boè, d’où la vue est malheureusement cachée par les nuages, et je redescends jusqu’au refuge de sasso Pordoi, qui a la palme des toilettes les plus photogéniques des Dolomites.

De là, pénible descente dans un pierrier. Le point d’arrivée est visible tout en bas depuis le col, mais le chemin est interminable.

J’enchaîne sur la « viel dal Pan » (le chemin du pain), qui était utilisée par les contrebandiers lorsque la frontière italo-autrichienne passait là.

La fin de l’étape me paraît un peu longue (je fatigue…) mais reste magnifique: le chemin du pain file à flanc de montagne, avec une vue en permanence sur la glace bleutée du glacier de la Marmolada. A 15h30 il se met à pleuvoir; j’arrive bien fourbu au refuge du lac de la Marmolada.

Jour 4: refuge Castiglioni – Margia Ciapela – téléphérique de la Marmolada – Forca Rossa – Albergo Miralago – refuge Passo delle selle

Distance: 23km – Dénivelée: +1350m / -1240m – Durée: 7h10

Le refuge Castigioni est au pied au glacier de la Marmolada. Ce glacier gigantesque, le plus grand des Dolomites, était sur la ligne de front lors de la Première guerre mondiale (entre l’Autriche-Hongrie et l’Italie); les ingénieurs austro-hongrois ont creusé dans la glace une dizaine de kilomètres de tunnels (effondrés depuis).

Ceux qui sont en groupe et ont des crampons (ou qui prennent un guide) peuvent traverser le glacier et redescendre directement de l’autre côté. Pour ma part, je contourne par la vallée. Je descends d’abord à toute vitesse dans l’herbe grasse des pistes de ski: même sensation sur les bâtons, mais en plus lent…

A Malga Ciapela (que j’atteins en 1h30), je prends le téléphérique (30€ aller/retour). La montée à pic est impressionnante. Puis le glacier, très noir, caillouteux. Je fais une petite balade au sommet. Spectaculaires vues de la vallée et du lac. De petites files de randonneurs traversent le glacier.

Je redescends en téléphérique (compter 1h30).

J’enchaîne sur 3 heures de montée jusqu’à un col (Forca Rossa) parmi les forêts. Je pique-nique au soleil: pain, comté, saucisson, fruits secs. Puis 1h30 de redescente jusqu’à l’Albergo Miralago.

Je croise six Chinois clairsemés; le dernier est bien 200 mètre derrière le premier. Quatre d’entre eux ont le nez fixé sur leur téléphone.

J’arrive épuisé à l’Albergo Miralago, mais elle affiche complet. Ils me redirigent gentiment vers un refuge voisin (Passo delle selle): j’attrape un téléphérique puis je monte encore une heure.

A l’arrivée c’est tranquille: douillet dortoir de quatre, où je dors seul. Grand prince, je m’offre une douche de… 90 secondes. 

Jour 5: refuge Passo delle selle – passo San Pelegrino – refuge Mulaz

Distance: 15 km – Dénivelée: +1345m / -1360m – Durée: 6h

Peu de distance, mais beaucoup de dénivelée pour cette étape! Je commence par une heure pour redescendre 650 mètres par les pistes de ski jusqu’au col San Pelegrino (le refuge auquel j’ai dormi étant à l’écart de l’itinéraire).

Puis c’est de nouveau un bout d’Ecosse: brume, vent, herbe grasse, rocs fantomatiques.

Ensuite un beau chemin de crête, puis très longue montée au refuge (longue mais sans difficulté technique). J’arrive au refuge Mulaz pour le déjeuner.

Je reste des heures à regarder le ballet des nuages. 

Jour 6: refuge Mulaz – refuge Rosetta

Distance: 10km – Dénivelée: +1000m / -1000m – Durée: 5h

L’étape est courte en distance (8km, 850 mètres de dénivelée positive et négative), mais avec quelques passages un peu techniques. Je n’utilise pas mon matériel de via ferrata, mais il peut être utile pour ceux sujets au vertige ou lorsqu’il a plu. 

Le refuge est assez fréquenté, y compris par des familles (le téléphérique est à 100 mètres). L’après-midi je fais une balade bonus mais la brume couvre tout et je rentre au bout d’une heure et demie. Puis pluie et brouillard blanc: on ne voit pas plus loin que la terrasse…

Une via ferrata renommée part à proximité (la Bolver-Lugli); j’essaie de trouver un guide pour le lendemain.

Jour 7: Montée à la cima della Vezzana

Distance: 10km – Dénivelée: +1100m / -1100m – Durée: 5h30

Les conditions sont mauvaise pour la via ferrata mais assez bonnes pour monter à la Cima della Vezzana (8km, 950 mètres de dénivelée, 4h30 A/R). Quelques névés en montant mais cela passe facilement.

Du sommet la vue est incroyable sur les deux versants.

D’en haut on voit, minuscule à cette distance, un abri de bivouac. Le ciel se couvre un peu et je ne m’attarde pas.

L’après-midi je fais un petit tour au mont voisin (150 mètres, 45 minutes, très jolie vue avec un ballet de nuages), puis je me repose au refuge et je bavarde avec les premiers Français que je croise – à 17h ils partent pour ma balade du matin afin de dormir dans une cabane là-haut (celle qu’on voit sur la précédente photo)…

Moi je reste au chaud, en lisant un livre trouvé au refuge: Chi prenderà Fluffy (Qui gardera Fluffy?), un ignoble roman à l’eau de rose, avec un suspense insoutenable pour deviner qui aura la garde du chien-chien.

Jour 8: refuge de Rosetta – refuge de Treviso – refuge de Cereda

Distance: 23km – Dénivelée: +1520m / -2640m – Durée: 9h40

C’est l’étape qui fait mal… J’aurais pu faire la via ferrata Bolver-Lugli mais il aurait fallu payer seul le guide (240€), ce qui fait beaucoup; je décide de continuer. Prudent, j’appelle le refuge suivant (Treviso), mais il est plein, ce qui implique que je dorme au suivant… Je pars d’un bon pas pour cette longue, très longue étape.

Très beau début (col de Ball), passant au pied des falaises (petits passages délicats). C’est vertigineux. En passant près du refuge Pradidali, joliment situé, je croise des petits groupes d’alpinistes qui vont grimper. grand soleil.

Je remonte dans une cuvette puis avec quelques câbles jusqu’au col de Lede, d’où le panorama est magnifique. La descente qui suit n’en finit pas… (14km, +820m, -1770m, 5h50)

Au refuge Treviso, blotti au creux d’une vallée en surplomb d’un torrent, j’enfile mes pâtes comme un petit goret et je repars d’arrache-pied.

Je souffre plus pour la suite: montée en forêt, puis de longs contournements de massifs sur un étroit chemin au milieu d’une herbe pentue: pas de difficulté en soi, mais il faut être vigilant pour ne pas glisser. Le sentier descend ensuite (encore!) dans une forêt de pics pierreux, puis parmi les forêts de pins.

Je suis soulagé quand j’arrive au refuge de Cereda où je me repais d’un succulent dîner (9km, +700m, -970m, 3h50).

Jour 9: refuge de Cereda – refuge de Boz

Distance: 14km – Dénivelée: +1060m / -700m – Durée: 6h15

On change de massif et d’atmosphère: un peu moins d’à-pic dans les montagnes, beaucoup moins de promeneurs, plus proches des altitudes de pâturages. Après une marche d’approche, une bonne montée et un peu de crapahutage amènent à la forcella Comedon. Un peu plus bas, une cabane incroyablement bien située (bivacco Feltre-Bodo).

Après la redescente, j’arrive dans un champêtre refuge au milieux des clarines (refuge de Boz). Couple italo-flamand, lui mastoc et de bonne volonté, elle sérieuse mais se déride sur sa belle région. Il partage sa semaine entre Rungis et les Dolomites…

Un quarteron de cinq Belges arrive, des Ardennes; maison dans le coin; fils de 17 ans en crise d’adolescence, fille boutonneuse. La mère parle italien avec un fort accent français; son père italien, traumatisé, ne l’emmenait pas dans les Dolomites.

L’ambiance est chaleureuse dans l’écrin de montagnes. 

Jour 10: refuge de Boz – refuge dal Piaz – Croce d’Aune – Feltre

Distance: 26km – Dénivelée: +870m / -1880m – Durée: 8h

L’étape commence par une longue et belle montée au ras d’une falaise, dont on suit le découpage – dix centimètres de plat sur des pentes de cailloux glissantes.

Le chemin longe ensuite la chaîne de montagne, à altitude à peu près constante mais avec beaucoup de méandres, puis descend jusqu’au refuge dal Piaz (où j’ai déjeuné) (15km, +870m, -600m, 5h30 de marche).

J’enchaîne avec la descente jusqu’à Croce d’Aune (6km, -980m, 1h30): la route d’accès serpente à flanc de falaise puis à travers la forêt.

Croce d’Aune est un petit village sans grand intérêt. Il faut encore descendre jusqu’à Feltre, la ville voisine où passe le train.

J’arrive trop tard pour attraper le bus qui descend les 15km de route (il passe vers 15h-15h30); je commence à descendre, et au bout de 5km une voiture me prend en stop.

Feltre est une très jolie ville médiévale, qui a gardé ses remparts et plusieurs monuments; beaucoup de sympathiques restaurants également pour un bon dîner, avant de prendre le train pour Venise le lendemain matin!

Cet article a 9 commentaires

  1. YGOUT

    très beau parcours mais comment avez vous rejoint Bressanone de Feltre

    1. Aurélien

      Bonjour Patrick!

      Les deux villes ont une gare (voici une carte du réseau italien); on peut les relier en passant par Vérone et Padoue; cela met un peu moins de 5h.

      Dans mon cas, j’ai fait à l’aller un trajet en train de Paris à Bressanone, puis après ma randonnée j’ai rejoint Venise depuis Feltre pour quelques jours de repos avant de rentrer en France.

      Bonne journée!

      Aurélien

  2. Etienne

    Salut, super récit !
    Avais-tu réservé une partie des refuges à l’avance ou rien du tout ? Tu conseillerais de le faire pour cet été ou tu penses qu’on peut s’en sortir en avisant de jour en jour ?
    Merci

    1. Aurélien

      Salut Etienne!

      Je n’avais rien réservé (c’était en août), car je voulais être libre de la longueur de mes étapes. Mais une fois en fin de journée vers le 4e jour je suis arrivé dans un refuge plein (refuge Miralago, facilement accessible et bucolique). Ils ont été hyper sympas et ont appelé les refuges voisins pour trouver de la place; j’ai finalement dû marcher seulement 45 minutes jusqu’à un autre refuge.

      Ce que j’ai fait ensuite est d’appeler chaque matin le refuge où j’avais l’intention de dormir le soir, afin de m’assurer qu’ils avaient de la place libre. En cas de refuge plein j’ai pu calibrer ma journée pour aller jusqu’à un autre refuge.

      C’est une rando absolument exceptionnelle donc je te souhaite d’en profiter à fond!

      Aurélien

  3. CEDRIC

    Bonjour,
    Super récit ! Merci
    Auriez vous les traces en gpx ?

    1. Aurélien

      Bonjour,
      Je n’ai pas fait de trace GPX, mais l’itinéraire est très proche de celui-ci: https://www.alltrails.com/explore/trail/italy/south-tyrol/alta-via-2-dolomiti-bressanone-feltre (AllTrails permet de télécharger une trace GPX), à la différence que je n’ai pas traversé le glacier de la Marmolata (cela requiert un équipement spécifique et un guide) et que j’ai pris l’itinéraire de contournement.
      L’itinéraire de l’Alta Via 2 est globalement très bien indiqué (marques de GR) et je n’ai pas eu besoin de trace GPX.
      Bonne rando!
      Aurélien

      1. Aurélien

        J’ai créé un itinéraire AllTrails et ajouté le lien dans l’article (il permet d’accéder à la trace GPX).
        Aurélien

  4. Jean-Bruno

    Bonjour Aurélien.
    Ce que tu as fait tes semble-t-il faisable en bivouac ?

    1. Aurélien

      Bonjour Jean-Bruno,
      Au plan pratique cela me paraît totalement faisable. Au plan légal, des informations que j’ai pu trouver, le bivouac est interdit sur la plupart du tracé (dans le parc naturel), mais j’ai croisé un certain nombre de randonneurs qui montaient leur tente en soirée dans des coins discrets, donc cela doit pouvoir se faire.
      Bonne rando!
      Aurélien

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