L’île de Sein surnage à peine d’une mer toujours houleuse au large de la pointe du Raz; elle est comme tapie dans l’eau pour résister aux bourrasques.
La traversée depuis Camaret-sur-mer dure une heure au long de laquelle, même par beau temps, le ferry est balloté sans répit.
C’est le phare qui sort des eaux en premier, à gauche des écueils de la barre de Sein; puis une langue de terre: l’île plate, rongée par les marées.
Il y a moins de trois kilomètres d’une extrémité à l’autre de l’île, mais sa forme est torturée comme celle d’une amibe. Au milieu un village de pêcheurs: 150 habitants l’hiver, 2000 en août.
L’anse devant le village est fermée par une jetée: c’est l’endroit calme de l’île. Les vents sont un peu coupés, l’eau peu profonde est calme, les bateaux de pêche sont au mouillage. D’en face, les maisons du villages, avec leurs couleurs vives, se blottissent les unes contre les autres.
Le reste de l’île est laissé au battage des vents et au malaxage des vagues et des marées sur les plages de galets. A l’Est, plus sauvage: on marche entre les flaques, le sable, la bruyère; à l’Ouest, à peine bâtie: deux phares, une chapelle et voilà.
L’érosion a fait de certains rochers de grands monstres difformes, dont l’immobilité contraste avec le caractère sans cesse mouvant des autres éléments.
Le village vit au rythme du tourisme, à présent, et dans le souvenir du grand fait de gloire de l’île de Sein: entendant l’appel du 18 juin, tous les hommes valides de l’île s’embarquent pour Londres avant l’arrivée des Allemands; deux semaines plus tard, alors le Général de Gaulle passe en revue les quelque quatre cent hommes des Forces Françaises Libres, un homme sur quatre lui répond venir de l’île de Sein. « Mais l’île de Sein, c’est donc le quart de la France? » En 1946, il décore l’île de Sein de l’Ordre de la Libération.
Que fait-on sur l’île de Sein, en bon touriste? On fait le tour du village aux ruelles étroites – la largeur d’une barrique -, on suit la grève dans ses fractales, on monte au phare, on mange un bon poisson, on s’assied face à la mer.