Enseignement n°1: Kenneth Waltz est un optimiste. Je ne suis pas sûr que cela inclue ses relations familiales, mais cela semblait signifier qu’entre une bombe à moitié pleine et une bombe à moitié vide, il choisit la bombe à moitié pleine.
Enseignement n°2: Les armes nucléaires garantissent la paix dans le monde. Comme il l’écrit dans son ouvrage The Spread of Nuclear Weapons: More May Better, « The presence of nuclear weapons makes wars less likely ». Il appuie son argumentation sur le fait, indéniable, qu’aucune guerre notable n’a opposé deux puissances nucléaires, et, incidemment, que nous sommes toujours vivants. Admirons la prudence du « less ».
Enseignement n°3: Mieux, les ogives font des gens bien. Donnez un missile nucléaire à un voyou ou un Etat-voyou, illico il se range et devient sage. La preuve: des Méchants l’ont, ils ne l’utilisent pas pour autant.
Enseignement n°4: Et pour ceux qui craignent une attaque terroriste sporadique, qu’ils se rassurent! Contrairement au facteur, le terroriste, lui, ne frappe qu’une fois.
Après ces belles paroles, je m’en suis retourné tout songeur. La paix universelle était à portée de main.
Puis, j’ai compris la blague. C’était en fait un simple exercice mathématique. Le but était de démontrer l’axiome suivant: « les armes nucléaires garantissent la paix dans le monde ».
La démonstration de Kenneth Waltz est assez directe: il constate qu’effectivement aucune guerre notable n’a opposé deux Etats en possession de l’arme nucléaire.
Puis, l’axiome « ça s’est toujours passé comme ça, donc si ça ne change pas trop, ça va continuer comme ça » lui permet d’assurer que les armes nucléaires ont pacifié le monde, et vont continuer à le pacifier.
Il prend soin de préciser qu’il pourrait être dangereux qu’un trop grand nombre d’Etats entre en possession de l’arme nucléaire. Evidemment, ce serait un changement.
A présent, par souci de diversité, je vous propose une autre démonstration.
1. S’il y a une seule puissance nucléaire, personne ne sera assez fou pour lui faire la guerre. Si les Japonais se sont arrêtés, c’est bien la preuve.
2. S’il y a au moins deux puissances nucléaires (avec capacité de seconde frappe), tout conflit notable (impliquant une menace des intérêts vitaux) entre deux puissances nucléaires implique que la première finit par atomiser la seconde, qui en retour atomise la première. On est tous morts.
3.Si nous mourrons tous, la théorie de la dissuasion nucléaire disparaît de fait.
Conclusion: soyez optimistes! Vous pouvez affirmer en toute sûreté, et sans le moindre risque d’être démenti par les faits, que:
« Oui, Mesdames et Messieurs, les armes nucléaires ont pacifié le monde: pas un conflit notable n’a opposé deux puissances nucléaires.
« Soyons donc confiants et optimistes, et crions tous en cœur: Vive le nucléaire! »
Puis, en vous retournant (hors micro bien sûr): « Nous serons morts avant d’avoir tort. »