1er août: arrivée à Kunming
Kunming commence par un retard. Les bagages de mes amis ne les ont pas suivis; ceux du Congo sont bien arrivés, mais ceux de France sont restés à Canton. S’ils arrivent plus tard que le lendemain, notre périple est à l’eau, car notre guide ne nous trouvera pas, le surlendemain, au début de notre itinéraire. L’angoisse se dissipe lorsqu’ils arrivent par le vol suivant.
Kunming porte agréablement son appellation de « ville de l’éternel printemps ». Si le Printemps Haussmann ne liquide ses soldes qu’épisodiquement, le soleil de Kunming sait ne point trop s’absenter, sans pour autant se montrer pressant.
Nous prévoyons de passer une nuit sur place, puis une journée à la Forêt de pierres, avant de monter dans un car de nuit pour la vallée du Nujiang. Nous élisons domicile dans un petit hôtel du quartier de l’université (云大宾馆). Pour y parvenir, nous traversons le sympathique Lac Viride, et ses aimables pédalos croisant sur l’onde calme, puis les alentours de l’université, truffés de restaurants et boutiques occidentalisés.
Un petit paragraphe qui rappelle Tchouang-Tseu: Dans la rue devant notre hôtel, égarés, nous demandons le chemin à deux petits vieux assis sur deux bornes. Chacun a la gentillesse de nous indiquer une direction différente. Après enquête minutieuse, il s’avère que tous deux étaient dans le vrai: l’hôtel possède en effet une annexe. Vérité en-deçà des Pyrénées, mensonge au-delà?
Faisant fi d’une bruine insidieuse, nous hélons deux taxis – nous sommes cinq – vers le Parc du Beauvoir (大观公园). Entre les allées sinueuses, un parc d’attractions a poussé; nous nous enfilons nos premières nouilles yunnanaises – comme à la maison !
Puis, la pluie allant de mal en pis, nous pensons spirituel de louer un pédalo sous lequel nous réfugier temporairement. L’esprit, en l’occurrence, dont nous tâchions de faire montre, se dissipe avant la brume, et lorsque trempés nous remontons dans un petit minibus (un microbus?) nos montres indiquent l’heure du dîner. Heure de faire honneur aux riches saveurs du coin!
Nous dînons à la Bâtisse du haricot rouge (红豆楼), restaurant simple à la cuisine simple: petits fromages de chèvre chaud (rubing), bœuf froid épicé, tofu…
2 août: la Forêt de pierres
Aujourd’hui, plutôt que de chercher une hypothétique « falaise d’arbres », nous suivons des touristes les flots harmonieux, qui tous (disent « ils ont aimé »?) se dirigent vers la « Forêt de pierres » (石林).
Auparavant, étant d’un naturel prudent même si téméraire, nous achetons nos billets de car de nuit pour Liuku à la gare ouest (西部客运站). Mais finalement, étant d’un naturel confus et inextricable, le réseau de transports officieux par microbus ne nous absorbe que vers 11h, nous ayant au préalable allégés de 400 kuai pour la route.
A la Forêt de pierre, étonnants massifs de pierres, il faut l’avouer. Dès qu’on échappe au régimes de touristes grappés autour des points névralgiques, aux noms aussi rocambolesques que méditatifs, on se perd immédiatement dans les dédales de petits chemins qui serpentent entre les formations rocheuses.
Tantôt nous traversons une jungle luxuriante, tantôt nous grimpons entre des pics verticaux, tantôt nous retombons bien malgré nous sur un agglomérat de parapluies multicolores, dont nous nous empressons de fuir les porteurs.
En effet, j’ai oublié de le mentionner, il pleut. C’est ça le printemps éternel.
Nous dînons d’une fondue chinoise et nous enfournons dans le car de nuit, chacun sur sa couchette, gauche, droite ou milieu, haut ou bas, bien garnis tels de belles pizzas prêtes à être dorées au feu de bois.
Moralité d’une nuit longue: choisir les couchettes du bas, de l’extérieur, de l’avant du car; garder à portée de main boules Quies et cache-yeux. Et surtout, se tenir éloigné de potentiels Français portant le jour des chaussures bateau et les ôtant de nuit pour dormir.